La fonction principale du tréma en français est de dissocier deux voyelles qui, en temps normal, forment un digramme, c’est-à-dire une combinaison de deux lettres formant une prononciation spécifique. Cependant, puisque le tréma agit sur des paires de voyelles, il n’est pas toujours évident de se souvenir de la lettre précise sur laquelle on doit le placer.
En suivant l’orthographe traditionnelle, on place toujours le tréma sur la seconde voyelle du digramme, comme dans « aiguë », « ambiguïté », « canoë », « naïf ». Plutôt simple à retenir, finalement, malgré une logique discutable.
La nouvelle orthographe propose une alternative plus intuitive pour les mots en -guë. Elle préconise le déplacement du tréma sur le u pour insister sur le fait qu’il doit se prononcer. Sont donc autorisées les graphies : « aigüe », « ambigüe », « exigüe », etc. Le substantif « ambigüité » est également accepté dans cette règle pour les mêmes raisons, et aussi pour concorder avec son adjectif.
Toujours dans cette logique de mettre en valeur la lettre u, des rectifications s’appliquent aussi sur des mots qui ne possédaient pas de tréma jusqu’alors. On hésitera moins sur la prononciation de « gageure », « rongeure » et « arguer » lorsqu’on les lira avec les graphies « gageüre », « rongeüre » et « argüer ». Le verbe « crapahuter » supprime même son h pour adopter le tréma, lui aussi : « crapaüter ». Ce dernier cas est cependant rarement employé.
Cette mise en exergue du u par le tréma dans l’orthographe rectifiée rend l’hésitation moins longue quant au bon positionnement de ce dernier. Mettre le tréma sur le e final n’est pas le premier réflexe qu’on peut avoir, notre cerveau ayant tendance à vouloir mettre l’accent sur la lettre qu’on prononce et non sur celle qui doit rester muette.